Chapitre 08

Faire face à l’adversaire.



Quelle est la signification d’adversaire en Taekwondo ? L’adversaire qui nous fait face en Taekwondo est le représentant du monde à la fois simplifié, intensifié et englobé dans un tout auquel nous devons inévitablement faire face. Sachant cela, il nous est possible de comprendre la raison pour laquelle les principes de Taekwondo, qu émanent des situations conflictuelles entre moi et mon adversaire, peuvent s’appliquer à une variété de cas différents. Il en est ainsi de toutes situations dans laquelle je me retrouve. Elle est déterminée par ma relation avec le monde. Cette même relation entre moi et mon adversaire en Taekwondo a deux aspects différents. L’un est social et l’autre est naturel.

Quelle que soit la définition d’adversaire en Taekwondo, il faut avant tout être un homme. Cela signifie que les racines du Taekwondo sont essentiellement liées aux relations entre les hommes. Donc, si l’homme disparaissait ou n’était pas l’adversaire, le taekwondo serait autre chose. Ceci implique que le vrai homme de Taekwondo reconnaît son adversaire. Le <Taekwondo> entend la reconnaissance de l’adversaire, ce qui implique que l’homme de Taekwondo le reconnaît comme personne et le respecte. Conséquemment, le Taekwondo a une éthique. Cela est essentiel. Il est profond et mystérieux qu’essentiellement le Taekwondo véhicule l’éthique par laquelle il y a reconnaissance et respect de l’adversaire d’une part, et d’autre part, le conflit du dépassement individuel entre ces deux unités qui convergent vers l’unité parfaite. Il est aussi naturel que toute chose dans le monde ait cette forme.

L’éthique rend l’homme humanitaire et valorise ses ambitions. Conséquemment, les bonnes manières dans toute chose ne s’opposent pas à l’utilité, qui est la caractéristique même des affaires de l’homme. Donc, la bonne éthique peut être une arme de protection individuelle afin de surpasser la profondeur de l’esprit de l’adversaire. Si quelqu’un ne respecte pas la bonne éthique, l’homme de Taekwondo peut le surpasser quand il le désire. D’un autre côté, celui qui se montre courtois face à la force, se protège lui-même, et lorsqu’il est courtois face à la faiblesse, il gagne le respect des autres. Cela démontre bien la cohérence de l’éthique en Taekwondo. Mais, qu’est-ce que l’éthique ? L’éthique est l’expression correcte du vouloir de l’homme. Étant donné que l’éthique n’est pas l’essence même du Taekwondo, l’homme de Taekwondo finit par la transcender, afin de libérer sa pensée, et non pas pour la rejetée. Cette transcendance n’est pas pour s’opposer à l’éthique, car chaque action est exécutée en accord avec l’éthique. Ceci implique que la vraie éthique n’est pas statique, elle est vivante. Le <Do> de la nature et le <Yae> (éthique de l’homme) sont identiques l’un l’autre, même si nous les nommons différemment.

De cette façon, ma relation avec mon adversaire en Taekwondo est sociale et naturelle en même temps. Ces faits sont le reflet du fondement même de la vie de l’homme, qui ne peut être autrement qu’en accord avec l’ordre naturel. Donc la relation que j’entretien avec mon adversaire est solide comme du béton. Nous partageons le même monde et sommes tous deux restreints par lui. Ces restrictions à l’intérieur d’une relation extrême que crée le <Taekwondo>, me transporte moi et mon adversaire aux barrières de l’infini, au-delà des limites de l’imagination, et même au-delà de la distinction entre l’imagination et la virtualité. Il ne peut donc avoir de faussetés à ce niveau. L’homme par le Taekwondo apprend à connaître le monde par la nature, telle qu’elle est, et par le fait même y reconnaît la véritable raison de vivre de l’homme. Ceci est non destructible. Car la nature existe par elle-même et ne peut induire la destruction. L’homme de Taekwondo construit le monde comme un objet identifiable à un moment donné et partage le <Do> en lui, soit la loi et le principe qui fait que le monde est ce qu’il est.